1850-1950 : La Bretagne , terre d'émigration
L'émigration dans une paroisse rurale au début du siècle
"Près de la moitié des femmes partent ainsi. Elles restent un
an, deux ans, trois ans servant de bonnes aux enfants étrangers qu'elles ont
nourris… Une fois revenue au pays, ces femmes ne songeaient le plus souvent
qu'à repartir après une nouvelle maternité. Elles y étaient d'ailleurs sollicitées
par de véritables recruteuses installées à Hénon et à Saint Carreuc. "
L'abbé Hourry, vicaire à Hénon ( 22 ) en
1894 Cité par H. Champollion et M. Renouard Bretagne Edition Ouest-France.
Les étapes de l'émigration féminine.
"La jeune paysanne va d'abord à la ville voisine, en Bretagne
même, et en particulier à Lorient et à Brest, où elle a des gages plus élevés
que dans les petits centres ; au bout de quelques années, lorsqu'elle est
"débrouillée", elle file sur Paris ou sur quelque grande ville de l'intérieur,
où ses gages sont tout de suite doublés ou triplés".
Camille Vallaux, étude de géographie humaine, 1906. Cité par
L. Elégoët dans Bretagne, une histoire, Ed CRDP de Bretagne 1998
Une migration saisonnière en Lorraine.
"Avis aux cultivateurs :
"Je préviens MM les cultivateurs que, courant janvier, j'irai chercher moi-même
quelques wagons de domestiques en Bretagne, pour être arrivés le premier février,
à seule fin de les habituer au pays pour le commencement des travaux. Tous
ceux qui en désirent peuvent se faire inscrire dès aujourd'hui. Ils seront
prévenu de leur arrivée un jour à l'avance. Ils seront débarqués tous sur
la place de la gare à Longuyon, où chacun pourra choisir le sujet qui lui
conviendra ou qui lui plaira le mieux".
Annonce parue dans Le Progrès de Briey ( Meurthe-et-Moselle)
en décembre 1906 Citée par L. Elégoët dans Bretagne, une histoire, Ed CRDP
de Bretagne 1998
Pour fuire la misère, l'engagement militaire
"On construisait alors une ligne de chemin de fer de Quimper
à Landerneau. Je m'adressai encore à quelques chefs qui me dirent qu'il faudrait
assurément encore beaucoup d'employés… mais qu'il y avait déjà deux fois plus
de demandes que d'emplois il y aurait à donner. … J'eus beau dire que j'étais
un paysan du pays, un véritable terrassier. Ils ne voulurent pas me comprendre.
Pour le coup c'était fini. Me voilà à 26 ans , sous-officier, plein de sève,
ayant courage et volonté, pouvant faire plusieurs métiers…obligé de me jeter
à la rivière ou de me laisser mourir de faim.
Le tonton me disait bien d'attendre, que je finirais toujours par trouver
quelque chose. Attendre je ne pouvais pas, je ne voulais pas être en charge
à ce bonhomme, qui n'avait pas trop pour lui-même…
Il me fallait prendre une décision. Je ne voyais plus devant moi que deux
chemin : celui du suicide ou celui du régiment… Je pris mes dix francs et
mes papiers et je partis à pied pour Brest avec un peu d'espoir que là, avant
d'aller au recrutement, je trouverais quelque trou pour me caser".
Par Jean-Marie Déguignet, Mémoire d'un paysan bas-breton. Ed
An Here 1999.