LA BRETAGNE : L'IMAGINAIRE
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Le souvenir des origines mystérieuses
L'ancienne civilisation celtique et les origines de la
Bretagne n'ont laissé que peu de traces écrites. Aussi, rapidement, ces origines,
transmises oralement, deviennent en grande partie mythologiques et merveilleuses.
Dès le Moyen Âge, la "matière de Bretagne" intéresse les auteurs européens.
Au XIIème siècle, Marie de France ( 1154-1189) reprend des lais bretons probablement
hérités de bardes et de conteurs. Elle en fait des histoires d'amour passionné
et dramatique sur fond mi-historique mi-légendaire. Ces histoires chantées par
les trouvères connurent un grand succès dans l'Europe de la chevalerie.
L'histoire et la légende se mêlent un peu plus encore quand le Breton-gallois
Geoffrey de Monmouth, effondré par les invasions normandes entreprend de composer
l'Histoire des rois de Bretagne ( insulaire). Pour démontrer l'ancienneté du
peuple breton ( et donc ces droits ) il fait appel aux Troyens, à un roi celte
envahissant Rome et à un certain roi Arthur luttant contre les Saxons, et préparant
la reconquête de Rome. Le succès de son œuvre est prolongé par Chrétien de Troyes,
un "romancier" qui reprend les personnages de Lancelot, Perceval, Yvain, Erec
et Lancelot. Il transforme une histoire légendaire née au contact du monde celtique
et du monde roman ( peut-être en Haute Bretagne ) en un roman de l'idéal chevaleresque
qui submerge l'Europe.
Pendant ce temps, la Bretagne, privée d'élites lettrées transmet ces origines
merveilleuses à travers sa littérature orale et populaire. Au XIXème siècle,
au temps du romantisme et des premiers nationalismes, des collecteurs recherchent
à travers les contes et légendes ces origines "immémoriales". En y ajoutant
leur talent et leur imagination, comme le fait Hersart de la Villemarqué ( Kervarker),
ils assurent un nouveau succès à la "matière de Bretagne". Ils achèvent de donner
à la Bretagne cette image de terre de brume, de vent et de mystères.
Un exemple des temps légendaires de l'histoire bretonne : l'histoire de la ville d'Ys et ses avatars.
La chronique de la disparition d'un monde
La révolution industrielle toucha peu la Bretagne. Son isolement relatif favorisa le maintien d'une société paysanne traditionnelle jusqu'en 1914. La Bretagne fait alors figure de réserve d'une civilisation rurale ancienne, qui plus est exotique. De nombreux écrivains extérieurs ( Michelet, Hugo, Young, Loti…) lui portent leur regard ethnographique bienveillant ou non.
Mais deux des plus grands succès littéraires de ces dernières années décrivent l'agonie de cette civilisation rurale: l'un , le Cheval d'orgueil de Pierre-Jakez Hélias en retient le paradis perdu de l'enfance, l'autre le " Mémoires d'un paysan bas-breton" de Jean Marie Déguignet décrit l'enfer d'un monde dont il croit être rejeté.
Le règne de Dieu
" La religion est la forme sous laquelle les races celtiques dissimulent leur soif d'idéal" disait Renan. Les premiers écrits connus de la littérature bretonnante sont entièrement consacrés à des œuvres religieuses. Les vies de saints sont en grande partie imaginaires. Les premières : la " Vie de sainte Nonne" ou la "vie de Saint Gwenolé", présentées dans l'ancien système de versification celtique interne, sont parmi les plus anciennes traces de légende comme celle de la ville d'Ys. En même temps, elle illustre l'emprise d'une religion populaire. Ces mystères, joués devant des foules, parfois contre la volonté de l'Eglise se prolongeront jusqu'au XIXème siècle.
Pour en savoir plus sur le théâtre breton ancien , consultez le site http://bretagnenet.com/strobinet/theatre/tpb.htm
La religion touche aussi profondément la littérature bretonne francophone à travers La Mennais, Renan, Grall plus récemment mais aussi la production poétique bretonnante. Yann Ber Calloc'h et Jakez Riou, au tournant du siècle mêlent avec talent mysticisme et bretonnité.