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Changement de nom : bientôt l'Ille-et-Vilaine ?

La Bretagne connaît depuis une cinquantaine d'années une vague de glissement de noms qui concerne aussi bien les communes que les départements.

Ainsi dès le 9 mars 1957, la Loire inférieure devenait la Loire atlantique dans un double souci que l'on retrouvera souvent : permettre une meilleure localisation géographique dans le cadre français et offrir une dénomination plus évocatrice et plus attrayante pour les habitants et les touristes. De même, le nom Basse Bretagne discrédité est souvent remplacé par Bretagne occidentale comme dans le cas de l'Université de Bretagne occidentale à Brest ( dont le nom répond pourtant à celui de l'Université de Haute Bretagne à Rennes ) ou encore RBO Radio Bretagne occidentale à Quimper ( qui paradoxalement reste Radio Breiz Izel en breton ).

Le cas le plus emblématique est celui des Côtes d'Armor . Le huit mars 1990, les Côtes du Nord changeaient de nom. A la suite d'une bataille opiniâtre de trente ans, les élus menés d'abord par René Pléven Affiche de promotion touristique pour l'Ille-et-vilainepuis par Charles Josselin finissaient par obtenir gain de cause du gouvernement Rocard . Les oppositions ne manquèrent pas. Mais ce fut un ministre de la république, Roger Frey, centralisateur réputé qui, en 1962, donna la leçon de linguistique en faisant observer le " pléonasme puisqu'Armor veut dire bord de mer " . Il aurait aussi bien pu dire que l'Argoat constituait l'essentiel du territoire du département, que les voisins finistériens avaient bien raison de revendiquer aussi leur Armor. L'affirmation de l'identité bretonne avancée par le président Claudy le Breton n'est qu'une justification a posteriori d'une réforme engagée et âprement défendue par le lobby hôtelier. D'ailleurs, le même élu ne dit pas autre chose quand il dresse le bilan du dixième anniversaire : " Si le changement de nom a rendu une image de département beau, accueillant, en un mot touristique, le message concernant notre dynamisme économique et nos capacités novatrices dans certains domaines de pointe a été difficile à faire passer ".

Enfin en 2001, dans une campagne de communication, le Comité départemental du tourisme d'Ille-et-Vilaine remplaçait le nom du département par celui de Haute Bretagne à la fois plus flatteur et plus évocateur de mer et de collines ( ? ). Si la remise en cause du nom du fleuve n'est pas très nouvelle, il fait peu de doute que cette opération précède une campagne pour le changement du nom du département, comme ce fut le cas pour les Côtes d'Armor.

Ces opérations, souvent d'origine commerciale, appellent deux commentaires :
Certes modifier un nom peut apparaître bien légitime, surtout lorsque celui-ci a été imposé par un cénacle au mépris des traditions et des volontés. Mais encore faudrait-il le faire pour de bonnes raisons. Rebaptiser un territoire est probablement une manière peu coûteuse ( quoique longue et incertaine ) d'améliorer son image de marque aux regards extérieurs mais elle fait peu de cas des habitudes, des souhaits des habitants, de la diversité des pays. Comme dans le choix du logo de la région Bretagne dont on envisage aujourd'hui le changement, elles sont plutôt guidées par l'air du temps, les modes graphiques passagères et l'absence d'idées quand les toponymes vivent et prennent de l'épaisseur sur de longues périodes.
Ces changements de noms introduisent trop souvent une confusion supplémentaire et tendent à créer des dissensions entre les collectivités. Si d'aventure l'Ille-et-Vilaine devenait le département de Haute Bretagne, les trois autres conseils départementaux concernés y retrouveraient probablement à redire comme le Finistère qui protesta officiellement en 1962 contre la choix des Côtes d'Armor.

 

 

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